5, JME - en quelques images satellitaires, bientôt la fin, dans le bas-delta, "réserve de biosphère transfrontalière" et onusienne...

Basse vallée du fleuve Sénégal 2017 / © Photo Compagnie agricole de Saint-Louis (CASL)

* Basse vallée du fleuve Sénégal-

5 Juin, Journée mondiale de l'Environnement.
Plus que des mots, le choc des photos satellitaires (ci-après)...

Vivement le déclassement du Djoudj - si ça pouvait réveiller les consciences anesthésiées par la tyrannie céréalière, bien que (trop) tard ?!

Ci-contre: Journée mondiale de l'Environnement... Et à Ndar: Protection de l’environnement: les populations invitées à s’impliquer, in Ndarinfo 2017 06 7
Dans la vallée du fleuve Sénégal, on n'a pas le temps, on émerge avec le riz !



Journée mondiale de l'environnement (PNUE)
Thème: 'Rapprocher les gens de la nature'
On ne fait que cela, dans la vallée du fleuve Sénégal... 

Ami(e)s du Paléarctique, faites-vous du souci: 
c'en est bientôt fini pour vos oiseaux hivernant ou passant ici, dans le bas-delta sénégalais 
(et sur nombre de sites subsahariens) !
De toute façon, cela n'y intéresse personne à part quelques Blancs romantiques et has been... Ici on fait du blé, pardon, du riz !

Et toujours les mêmes contradictions, 
les envolées lyriques versus la réalité économique du terrain: 
Abdoulaye Bibi Baldé, ministre de l'Environnement du Sénégal, ce jour:
"Cette course à la croissance, notamment dans les pays en développement, risque de produire les mêmes scénarios qu'ont vécu les pays développés avec les risques de pollution, de dégradation de la qualité de l'air, des eaux et des sols, l'utilisation non rationnelle des intrants chimiques, les pertes de ressources naturelles et plus globalement les pertes de la biodiversité et leurs corollaires sur la santé et le bien-être des populations
- in Seneweb.com 2017 06 5
Des exemples, monsieur le ministre ! Des exemples concrets !!
Les paroles, les paroles... C'était le discours (obligé) du jour.


Juste deux rappels:
- le bas-delta sénégalo-mauritanien est une Réserve de biosphère transfrontalière (RBT), avec la patente UNESCO - on ne rit pas, comme pour l'île patrimoniale !
- la basse vallée du Sénégal était (déjà !) réputée, avant la nouvelle ruée sur le riz 'internationalement' patriotique, pour être le delta le plus malmené par les réaménagements humains, le plus dégradé et le plus artificialisé au monde ! 


  1. La fin annoncée du parc national des oiseaux du Djoudj (PNOD), dépossédé de ses eaux du Gorom ainsi que de ses zones tampon (Lire aussi ICI sur Ornithondar)
  2. Le canal du Crocodile, la zone amodiée de chasse et le lodge Tahouey en cours d'enfermement
  3. Le lac du Lamantin, gagné par le nord et bientôt transformé en réceptacle des résidus (chimiques ?) de la riziculture du bassin de Débi-Tiguet
  4. A quelques encablures du Grand Lac, les premiers casiers sont entrés dans le périmètre même du parc national, joyau patrimonial de l'Unesco, inscrit à la liste de Ramsar et abusivement surnommé "troisième parc ornithologique mondial", aujourd'hui envahi par les bovins, les faucheurs d'herbes, les coupeurs de bois (mort ?!) et les pêcheurs
  5. La mare de Ross-Bethio, cernée de partout par les rizières productivistes qui la transformeront tôt ou tard en vide-ordures de leurs eaux usées (Voir aussi ICI sur Ornithondar)
  6. Le marais de N'Digué et le reposoir à Anatidés au nord-est désormais prématurément à sec en saison, eux aussi appelés à devenir les bassins de rétention des eaux usées des casiers rizicoles
  7. La partie nord du Ndiaël a été prise à la réserve "spéciale" d'avifaune par décrets présidentiels et concédée à de piètres agriculteurs italiens qui y ont bien ravagé, pour pas grand-chose... Idem à l'est du Ndiaël, aux mains des mêmes Italiens et des investisseurs confrériques qui se moquent comme de leur première arachide des délimitations dudit sanctuaire 
  8. La forêt classée de Diama, zone amodiée de chasse, attaquée de toutes parts par les 'reprofileurs' de la vallée du Djeuss et amputée au nord par les plantations de butternuts de la SCL; et désormais sur son flanc sud-est...
  9. La plaine alluviale du fleuve Sénégal, 26 kilomètres à l'aval du barrage de Diama jusqu'à récemment l'une des ultimes zones de crue et de décrue naturelle au monde, désormais grignotée par les riziculteurs réfugiés de Mauritanie et des investisseurs confrériques, suite à l'ouverture comme une entaille par Eiffage & Co d'un gigantesque émissaire dit de décharge qui jette TOUTES les eaux agricoles de la basse vallée directement dans le fleuve, à l'amont de Saint-Louis, sans aucun contrôle sanitaire d'aucune sorte...
  10. Les boisements dunaires à Acacia raddiana, rasés pour faire pousser sous le cagnard et par aspersion 24h/24 des légumes à destination exclusive de l'Europe - et tout particulièrement de nos amis anglais. Aux portes du désert et à quelques années du prochain grand cycle trentenaire sec...
  11. La réserve communautaire patrimoniale des Trois-Marigots dont les berges sont rapidement dévastées et systématiquement colonisées par de petits exploitants d'oignons, sans aucun contrôle ni encadrement, y compris au coeur des zones cynégétiques (Ndam Ndam)
  12. Le marigot de Khant (premier Marigot) dans sa partie nord-rive occidentale sert de réceptacle à certaines des eaux usées des Grands Domaines du Sénégal (GDS), serres et désormais pleins champs de tomates et autres nécessités pour Européens affamés
  13. Le marigot de Khant (premier Marigot) dans sa partie sud-rive orientale, et le N'Galam au sud de la digue de Tylla-Ndam Ndam deviendraient à leur tour la proie de plusieurs agro-farmers: après avoir fait main basse sur les abords immédiats du N'Galam et de ses mares, au sud de Mengueye, le patatier Gueye aurait acquis les cordons qui vont jusqu'à Tylla, pour de semblables opérations dévastatrices... Ce serait donc la fin de toute cette partie de la réserve communautaire patrimoniale d'un point de vue floristique et faunique ! La Société de Cultures Légumières exploite des centaines d'hectares dans la zone du Ndialakhar (Gandon); en attendant, bientôt, l'arrivée des Italiens du Ndiaël, la fameuse Senhuile - si si, c'est Gandon qui l'affirme...
  14. Last but not least, l'anecdote est révélatrice: des lotissements à venir, pile poil devant les grilles de la réserve "spéciale" de Gueumbeul, entre le centre d'acclimatation de mammifères, d'un coté, et les mangroves et bolongs fluviaux, de l'autre: encore une idée géniale de nos édiles locaux ! ça va être vite décoré de sachets volatiles, le p'tit coin !

Pendant ce temps, du coté de Gueumbeul, l'activité du jour: on invite le peuple à se bouger le popotin mais dans l'entre soi... A l'année prochaine... Protection de l’environnement : les populations invitées à s’impliquer, in Ndarinfo 2017 06 7

Addendum: "C'est bien l'Homme et lui seul le responsable de la dégradation de la planète. Pour chacun d'entre nous, il faut des terres arables, de l'énergie et pourquoi pas un I-Phone, une auto, le climatiseur pour, à la fois, combattre et entretenir le réchauffement climatique, etc. Et, comme le dit si bien l'adage, plus on est de fous, moins il y a de riz." Avec, dans un premier temps, des fous, certes...et du riz, partout, en lieu et place du tout !
- Michel Lebon, 2017 06 7


Ci-après,
quelques photos et images satellitaires à l'exclusion de celles concernant le Ndiaël et le lac de Guier...
Ci-dessus:
pointe nord du parc national du Djoudj (PNOD), 
le front pionnier rizicole aux portes du Canal du Crocodile et du lac du Lamantin, hauts-lieux de la reproduction coloniale des ardéidés, ibis et cigognes afrotropicaux (l'un des rares sites à colonies nidificatrices mixtes dans la vallée du fleuve)
Ci-dessus et dessous:
à l'est du Grand Lac, aux marges et sans doute dans le périmètre même du parc national du Djoudj (PNOD), et au sud de la rivière Gorom,
le front pionnier de la riziculture triomphante et gaspilleuse d'eau
Ci-dessus et dessous:
directement accolés à la rivière Gorom,
les prochains casiers rizicoles captés par plus puissants que les 'braves' villageois des différents Diadiem...
Ci-dessus:
deux énormes prises d'eau dans la rivière Gorom, rien que pour les rizières ?
on remarquera que les dépressions marécageuses d'importance sont en effet 'conservées', comme  pour recevoir les eaux usées (contrôlées ?) desdites rizières...
Ci-dessus:
les débuts prometteurs de la CASL, dans les suspensions poussiéreuses de l'harmattan...
2015 04 10 / © Photos par Moïse Guiré et Frédéric Bacuez
Ci-dessous:
le progrès est en marche, l’Émergence emporte tout ! 
2017 / © Photos CASL
Ci-dessus:
cherchez les zones tampon entre les casiers rizicoles productivistes (6 à 7 t/ha) et le parc national des oiseaux du Djoudj (PNOD) !
Ci-dessus:
la plaine de crue du fleuve Sénégal et les boisements dunaires à l'aval de Diama: place aux butternuts anglais, aux cultures légumineuses et aux melons ! On empiète sur la Forêt classée - et alors ?!
Ci-dessous:
la plaine de Bango-Biffeche ravagée par le riz confrérique, coupée en deux par l'émissaire Eiffage de rejet des eaux usées directement dans le fleuve Sénégal !
Les éleveurs ont pour le moment réussi à stopper l'avancée des 'progressistes'...
Ci-dessus:
l'extension des Grands Domaines du Sénégal (GDS), filiale de la Compagnie fruitière de Marseille, jusqu'au bas du cordon dunaire. Où vont les eaux usées ? Dans le marigot de Khant-nord, pardi !
Ci-dessous:
la Société de Cultures Légumières (SCL), qui 'travaille' essentiellement avec les supermarchés britanniques Tesco, 
les GDS (qui s'installeraient aussi dans la 'zone' Mengueye-Tylla) et M. Gueye (N'Galam-Khant sud) 
font main basse sur la rive orientale du marigot de Khant-sud et les abords du N'Galam, 
en attendant, bientôt, l'arrivée des Italiens du Ndiaël, la fameuse Senhuile - si si, ce serait envisagé...,
en pleine Aire communautaire patrimoniale des Trois-Marigots ou aux abords, tout en y puisant leurs eaux...
Les villageois et les fermettes tentent d'imiter, dans la mesure de leurs moyens (sans rien connaître à l'agriculture...): les berges du N'Galam et des 2e et 3e Marigots, y compris en plein coeur de la zone de chasse de Ndam Ndam [hôtel 'Ranch de Bango'], sont impitoyablement déboisées et converties en carrés d'oignons (pour deux saisons au maximum ! Ensuite, faute de chimie, le champ sera mort, bouffé par les nématodes...)

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