18, Fesman: battre de(s) (l')aile(s) avec la 'pirogue' sénégalaise


2010 12, un jeune pélican gris (pelecanus rufescens) au 'village du Fesman' en construction pour la bagatelle de 5 milliards de F CFA*1, 
à N'Gor (banlieue nord de Dakar) sur un terrain du Domaine Public Maritime (non constructible) appartenant à un certain Wade...
/ Courtesy © photos par Matthieu Cupillard pour Ornithondar

* Dakar & Saint-Louis-du-Sénégal -
Aparté... Pour le cinquantenaire des indépendances (tcha tcha) africaines, un 3e Festival mondial des Arts nègres - Fesman*2, à l'origine initié par Léopold Sédar Senghor, anime pendant le mois de décembre l'actualité urbaine du Sénégal. Un hublot sur le monde noir dans un pays largement illettré et un brin méprisant envers les autres nations continentales (sauf dans les discours panafricanistes d'usage). Et une ambiance culturo festive inhabituelle dans un pays plutôt triste le reste du temps, comparé aux quelques capitales régionales autrement plus conviviales. C'est la culture du podium. On ne prendra pas part ici à la polémique, une de plus au Sénégal, autour de l'organisation ou de l'inorganisation de ce ramdam épidermique, de la mainmise des uns au détriment des autres sur le pactole des 'bailleurs de fonds' - des pays très noirs comme Oman et la Lybie* ? Les Brésiliens, "invités d'honneur", mais exclusivement Noirs, alors ?-, de la désaffection quasi systématique des têtes d'affiche et des bouleversements de programmes de dernière minute, de la responsabilité d'un tel ou de tel autre sur le retour des délestages après deux mois de répit, de l'étalage des egos d'habitude totalement indifférents à la 'chose culturelle', de l'inconsolable indifférence d'un peuple anéanti par la paupérisation, par des décennies d'onirisme collectif, de matraquages débilitants de leur télé, de logorrhées éhontées de leurs élites et achevé par un obscurantisme rampant bien inquiétant. Je me demande seulement comment des hommes aussi respectables que Wole Soyinka peuvent se faire embarquer sur de telles pirogues ? Non, à la vérité, ce siècle qui ne conçoit plus rien autrement que dans le spectacle, les paillettes, les frou frou et la vulgarité, ici comme ailleurs, n'annonce rien de bon. Les uns ont beau jeu de défiler aujourd'hui dans les banlieues putrides de la capitale pour protester contre ce festival-là, je suis absolument certain qu'ils procéderaient et procéderont un jour de la sorte: faire de la culture folklorisée et accessoirement d'une pensée vampirisée par des bourgeois incultes, là-bas une marchandise pour faire tourner la mécanique économique, ici sans détour un tiroir-caisse privatif.

*2 3e Festival mondial des arts nègres (FESMAN), 11-31 décembre 2010, et apothéose du 350e anniversaire de la fondation de Saint-Louis-du-Sénégal; voir aussi http://www.saintlouisdusenegal.com/, pour la partie saint-louisienne des estrades musicales et dansantes de ladite "renaissance"

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