14 & 18, Khant-Toddé: les grues couronnées déjà prénuptiales ?

2013 11 14 7h45, grue couronnée trompetant au-dessus des brousses de Toddé / Photo par Frédéric Bacuez

* Du marigot de Khant au marais de Toddé (aire patrimoniale des Trois-Marigots) -


Plusieurs couples de grues couronnées noires (balearica pavonina ssp. pavonina, west african black crowned crane, cf. photo ci-dessus) stationnent à l'année dans l'aire patrimoniale des Trois-Marigots. Dans la zone du marigot de Khant et du marais de Toddé, Ornithondar estime la population à trois ou quatre couples formés, à un couple non installé et à un ou deux immatures. Il est difficile d'être précis quant au nombre exact de l'effectif tant les échassiers, qui vont le plus souvent par paire, se déplacent beaucoup sur le site, à cette période: visiblement territoriales, les grues trompettent abondamment dès l'aube, au sol comme en vol (14 et 18 novembre), et semblent chercher à délimiter leur territoire (de parade et de gagnage) par d'amples vols circulaires, n'hésitant pas à poursuivre les couples voisins: ce 18 novembre, trois couples se suivaient délibérément à basse altitude au-dessus des steppes qui courent entre le marigot de Khant et le marais de Toddé. Dès que l'un d'eux se posait au sol, pour imprimer sa présence, ou se nourrir, ou se reposer, les deux autres duos arrivaient et survolaient leurs congénères à faible hauteur. Au sud du marigot de Khant, près du Ngalam, une grue se tenait ostensiblement droite à la cime d'un baobab solitaire et ouvrait largement les ailes comme un cormoran (cf. digiscopie ci-dessous) dès que les trois couples suscités volaient l'un derrière l'autre en sa direction !


2013 11 18, grue couronnée territoriale à la cime d'un baobab, entre Khant et Toddé
/ Digiscopie Moïse Guiré pour Ornithondar

Ci-dessous: 2013 11 14 (à g.) et 18 (à d.):  au petit matin, poursuites prénuptiales de grues dans les brousses de Toddé 
/ Photos par Frédéric Bacuez



Nota: l'état de la population ouest-africaine de balearica pavonina est catastrophique: en Sierra Leone, l'échassier n'a plus été observé depuis les années 30'; des 15 000 oiseaux encore recensés au Nigeria dans les années 70' il ne reste que quelques survivants condamnés;  au Mali, on estime qu'il y a plus de grues en captivité chez des particuliers qu'il n'en reste 'en brousse'... Au Burkina Faso, en Gambie, en Guinée-Bissau comme en Casamance (Sénégal), on les capture... Au Tchad comme au Nigeria, on les mange... La population ouest africaine, encore estimée à environ 15 000 oiseaux au début du XXIe siècle (en incluant le Cameroun et le Tchad, qui hébergent à eux seuls 80% des effectifs...) est sans doute réduite à quelques centaines d'oiseaux à l'ouest du lac Tchad, avec trois à quatre petites populations viables mais éloignées les unes des autres:

  • Delta du fleuve Sénégal (Sénégal/Mauritanie) avec expansion saisonnière vers le sud-est de la Mauritanie
  • Complexe Arly-Pendjari (Burkina Faso/Bénin), avec nidification prouvée
  • Rives et mares à l'ouest du fleuve Niger, vers la frontière burkinabè (Niger)
  • Complexe rizicole du Sine Saloum (Sénégal) au littoral de Guinée-Bissau via la Gambie et la Casamance

La grue couronnée est inscrite à la Liste rouge des animaux en voie de disparition de l'UICN, dans la catégorie 'Vulnerable' (Lire ICI sur UICN Red List).

Les effectifs dans le delta du fleuve Sénégal sont estimés à 350/500 grues généralement dispersées sur une vaste zone couvrant le Walo (basses terres) comme le Diéri (hautes terres), avec des regroupements nuptiaux et postnuptiaux relativement importants ici et là, notamment dans le parc national du Djoudj (PNOD, steppes du Grand Lac) et alentours (casiers rizicoles en saison de chaumes).

Ci-dessous: 2013 11 14 & 18 au petit matin, grues couronnées territoriales dans les brousses de Toddé / Photos par Frédéric Bacuez




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