11, un guêpier d'Orient au coeur de la saison sèche




















Ci-dessus: à g., guêpier nain et sa proie - une abeille..., 2013 01 20 - à d., guêpier (vert) d'Orient adulte, 2013 02 11. Impasse Gustave Pelloux, Bango / Photos par Frédéric Bacuez


* Bango -

APREM'-
A coté de la station de captage de la Sénégalaise des eaux (SDE), au seuil de l'impasse Gustave Pelloux, un (petit) guêpier (vert) d'Orient (merops orientalis ssp. viridissimus, little green bee-eater, cf. photo ci-dessus à d.) regarde vers les berges du Lampsar, un peu plus bas, depuis le fil suspendu sur lequel il se maintient quelques instants avant que le vent ne l'en déloge...

Nota 1: l'observation du guêpier d'Orient dans le bas-delta du fleuve Sénégal reste rare, en plein coeur de la saison sèche, surtout l'observation d'un adulte comme celui d'aujourd'hui (2 février 2013, cf. photo en haut à d.). Cependant, à l'instar des guêpiers à gorge blanche (merops albicollis), les déplacements saisonniers de cette espèce afrotropicale ressemblent plus à de l'erratisme, une sorte de vagabondage. Il se peut que cet oiseau-là ait décidé de ne pas refluer vers le sud avec la précédente mousson, ou bien décidé de remonter précocement vers nos latitudes, avant ses congénères... Un éclaireur, en somme...

Étonnant !
Le guêpier d'Orient est en mesure d'anticiper les réactions de ses prédateurs, c'est à dire qu'il est doté d'une forme d'intelligence lui permettant de se positionner - sur les fils électriques, par exemple !-, ou d'établir son nid en fonction de leur présence, de leur façon de voler et de chasser, et même de ce qu'ils peuvent voir ou non: pas d'effet de surprise si chère à certains rapaces, avec lui ! *


Nota 2: nettement moins familier que l'omniprésent guêpier nain (merops pusillus ssp. pusillus, little bee-eater, cf. photo en haut à g.), le guêpier d'Orient se présente au Sénégal et dans l’extrême sud de la Mauritanie dans sa version occidentale viridissimus, toute verte - juste une coquetterie bleutée sous les yeux, à la différence de ses parents orientaux aux jolis reflets célestes du cou et de la face (cf. photo ci-après). Viridissimus reste néanmoins peu commun, dans le bas-delta du fleuve Sénégal - sauf, peut-être, sur le cordon dunaire de la Langue de Barbarie. Au fur et à mesure que l'on s'éloigne vers l'intérieur, on aura plus de chance de l'observer, même si ce guêpier afrotropical est ici, mais ici seulement (car en Afrique orientale et au Moyen-Orient il semble plus fréquent, même en ville), le plus discret des sept guêpiers subsahariens présents dans toute la vallée du fleuve - six espèces afrotropicales ou mixte, et une espèce exclusivement hivernante venue du Paléarctique*.

Guêpier à sourcils bleusmerops orientalis ssp.cyanophrys.
Immature, 2010, Sanaa, Yémen.
/ Photo par Pascal Bacuez pour Ornithondar

* Sur les huit espèces de guêpiers observables au Sénégal (dont merops hirundineus dans la moitié sud du pays), 7 sp. fréquentent le nord du pays:
  • 2 espèces y sont sédentaires - merops p. pusillus, qui remonte la vallée jusqu'à hauteur de Saldé mais ne s'aventure pas, par l'ouest, dans les profondeurs du Ferlo; et merops b. bulocki qui à l'inverse redescend la vallée jusqu'à la hauteur de Rosso, sans pénétrer, par l'est, le même Ferlo. 
  • 2 espèces y sont migratrices partielles - merops orientalis ssp. viridissimus, partout; et merops nubicus, uniquement le long du fleuve, atteignant depuis l'est le lac de Guiers et le Djoudj. Une bonne partie de leurs représentants se replie avec la mousson vers le sud,  laissant en général les juvéniles dans le nord, en saison sèche.
  • 1 espèce - merops persicus ssp. chrysocercus - est à la fois résidente et nicheuse dans la vallée du fleuve - depuis une quarantaine d'années, probablement arrivée par l'est- et hivernante venue du Maghreb et d'autres régions du Sahel. L'espèce, bruyante, est très erratique mais continue son implantation spectaculaire dans l'ensemble du Sahel.
  • 1 espèce - merops albicollis - est migratrice intra-africaine, l'une des trois espèces d'oiseaux (avec le calao à bec noir, tockus nasutus, et le coucou didric, chrysococcyx caprius) que les agriculteurs connaissent bien car leurs vols groupés et très visibles en direction du Sahel, d'avril à juin, annoncent la remontée du Front inter tropical (FIT) et, bientôt, celle des pluies de la mousson.
  • 1 espèce - merops apiaster - est la seule espèce strictement du Paléarctique et de ce fait observable dans la vallée du fleuve Sénégal lors de ses passages postnuptiaux et prénuptiaux ou de son stationnement hivernal (septembre à mai), de préférence au sud du 14°N en zone des savanes.

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