27, la huppe a pupulé: l'Aïd, ce sera mardi... ou mercredi

* Bango. Marigot de Lampsar, coté limoneux -

MATIN-
Temps: retour du ciel bleu et de la chaude moiteur.
Entendu: coucous didric (chrisococcyx caprius) et touracos gris (crinifer piscator).
Marigot: 11 sternes naines (sterna albifrons ssp. guineae, west african little tern) / Le pygargue vocifère (haliaeetus vocifer, african fish eagle) subadulte survole les bosquets de palétuviers de Thiolet.
A midi, 1 varan du Nil (varanus niloticus, Nile monitor) traverse le marigot au plus large [déchetterie près de la caserne>mangroves de Thiolet].

MIDI-
13h, pendant un bon quart-d'heure, 1 huppe fasciée (upupa epops ssp. senegalensis, west african hoopoe) se met à pupuler à la cantonade du haut d'un eucalyptus du jardin; à cent mètres du minaret de la petite mosquée de Bango et sa huitaine de haut-parleurs multidirectionnels. A deux jours de l'Aïd el-fitr (Korité, au Sahel),  comme sur les fastueuses tapisseries perses de jadis et comme dans 'Le langage des oiseaux'*,  célèbre récit initiatique du mystique persan Farid-ud-dîn 'Attar, la messagère d'amour* dans le Coran opine de la tête tout en chantant, attirant autour d'elle une tourterelle maillée (streptopelia senegalensis, laughing dove), qui se pose sur la même branche à moins d'un mètre sur sa droite, puis un bulbul des jardins (pycnonotus barbatus, common bulbul) à sa gauche, tandis qu'alentour des souïmangas à poitrine rouge (chalcomitra senegalensis, scarlet-chested sunbird) font la ronde. C'est une scène bien troublante. Il faudra que j'en touche deux mots à mes hôtes sénégalais qui, outre le saint livre dans ses versions synthétisées (et probablement très orientées)  made in Karachi ou Ryad, connaissent évidemment sur le bout de la langue poète la parabole d'Attar - "l'âme du soufisme", dixit le non moins fameux poète Rûmî. Vu le temps que certains consacrent aux envolées mégaphoniques, à l'exclusive de tout le reste - de vrais mystiques soufis, quoi !- je ne doute pas un instant de la hauteur de toutes nos belles âmes et de la profondeur de leur érudition en matière de littérature et de mystique "islamiques": c'est inné. 


' Un autre oiseau dit à la huppe: "j'aime l'or; l'amour de l'or est en moi comme l'amande dans sa pellicule. Tant que je n'aurai pas l'or dans ma main comme j'aurais une rose, je ne pourrai m'épanouir délicieusement comme cette fleur. L'amour du monde et de l'or du monde m'a rempli de vains désirs et m'a privé de l'intelligence des choses spirituelles."
La huppe répondit: "ô toi qui es dans l'ébahissement par l'effet d'une forme extérieure ! toi dont le coeur ne vit jamais l'aurore de la valeur réelle des choses ! apprends que tu n'as pas cessé d'être nyctalope, et que tu es resté , comme la fourmi, étreint par une vaine apparence. Attache-toi au sens des choses et ne t'inquiète pas de la forme; le sens est l'essentiel, la forme n'est qu'embarras. Sans la couleur, l'or ne serait qu'un métal ordinaire; cependant tu es séduit par sa couleur comme l'enfant. S'il te détourne de Dieu, il est pour toi une idole." (...)'
- 'Le langage des oiseaux', par Farîd-ud-dîn 'Attar

Ci-contre: huppe fasciée pupulant à Bango
/ 2008 04, courtesy photo par Philippe Boissel, DR


* Voir les notules:
http://ornithondar.blogspot.com/2009/09/2-de-la-huppe-chez-les-soufis.html
http://ornithondar.blogspot.com/2010/11/8-une-huppe-fasciee-la-reine-des.html
Et http://ornithondar.blogspot.com/2009/09/20-korite-des-senegalais-aid-el-fitr.html

Commentaires

  1. Bonsoir Frédéric, mais c'est son filtre que le méchoui fume :-)

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