20, nez-à-groin ronflant avec deux phacos !


Ci-dessus: phacochères sur les berges mauritaniennes du fleuve Sénégal, avril 2009 / Courtesy photo par Axelle Marcillac

* Marais nord de plaine de Mboubeune -

En vue du marais herbeux à l'extrémité nord de la digue n°2, en planque contre le vent du nord-ouest, pour l'observation d'un couple de grues couronnées (balearica pavonina ssp. pavonina) au comportement étrange: avec le cagnard du milieu de journée - grande amplitude thermique, presque frais à l'aube, quasi caniculaire à la verticale du jour-, j'étais allongé sur le dos dans quelques rampantes succulentes, et plongé dans une doucereuse somnolence sous les arcades tombantes d'un nilotica encore préservé de la décapitation... Me redressant pour scruter les têtes auréolées de 'mes' grues, émergeant de temps à autre de la verdure, voilà qu'en premier plan à quelque quinze mètres un phacochère (phacochoerus africanus) à rouflaquettes est sorti de la même lisière boisée qui m'abrite; il balaye du groin  le sol craquelé du pourtour marécageux, à découvert. Mais voilà aussi qu'une énorme femelle large comme un canari de bière de mil - une gestation à terme...-, la gueule tout en boutons, "patibulaire mais presque", débouche de ma gauche et s'immobilise net au taillis précédent le mien; ronflement, je ne bouge pas, tatonne le sol en quête de mon appareil photo, visiblement la mégère veut vraiment passer par mon affût; les grognements redoublent, irrités par mon immobilisme... Je ronfle à mon tour et remue un peu du corps 'pour me faire identifier'; la voilà dare dare qui se jette dans le chenal qui traverse la haie d'arbres (cf. photo ci-contre), se fait un peu mal à une patte dans le fracas mais s'arrête sur l'autre rive, de plus en plus intriguée. C'était sans compter sur la réactivité du jeune mâle qui reniflait la glaise au lieu de surveiller sa grognasse... Le jeune con, probablement très imbu de sa gaillarde virilité triomphante et n'ayant rien compris du malentendu à l'origine de toutes ces ronchonades, se met au trot à foncer droit sur moi, sans vraiment me voir, puis grognant comme un ours (!?) se met en tête de foncer tête baissée dans le taillis ! Je me lève vite sur mes pattes pour faire le coq sénégaulois, agite des bras, grogne encore à mon tour, bravache face au porcin à tous crins -décidément, quelle ménagerie ! Le moustachu est stoppé dans son élan, s'écarte de quelques mètres, et n'en revient pas: je redouble de vocalises, le grognard détale sans demander son reste... Je me dis depuis des années combien nos tartarins chasseurs harnachés de pied en couvre-chef comme il se doit et montés comme des tourelles de tanks mènent des expéditions africaines hasardeuses... 

Ci-dessous, à g.: chenal boisé entre marais et rizières (en friche) de la plaine de Mboubeune, avril 2009 
/ Photo par Frédéric Bacuez

Commentaires

  1. Bonjour frédéric,on en dort plus jusqu'à Andorre ! amitiés

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  2. Je n'en doute pas ! J'ai tellement grogné, moi aussi qu'ils ont probablement demandé asile à la Principauté haut perchée !!!!!!
    lol ! Le détail de 'l'affaire' vient...

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